" Je ne veux pas passer à la télé à tout prix "



Une photo de Thomas Fersen

QUATRE ALBUMS, quatre disques d'or, et quatre concerts parisiens pour fêter l'apogée d'une tournée française qui a commencé début 2000 à l'Olympia et qui s'achèvera cet été après 150 concerts. S'il touche un large public, Thomas Fersen continue son chemin dans une relative discrétion, à l'image de ses chansons qui préfèrent la métaphore et le récit ciselé aux paroles chocs ou directement autobiographiques. L'auteur compositeur s'en explique.

Vos quatre albums sont disques d'or, mais on vous voit toujours aussi peu à la télévision. Comment l'expliquez-vous ?
Thomas Fersen. Il y a plusieurs circuits et la scène en est un, qui a son indépendance. Certains artistes que l'on voit beaucoup dans les médias ne tournent pas. On ne fait pas le même métier. Moi, j'en suis à 450 concerts avec des musiciens qui jouent avec moi depuis parfois sept ou huit ans. Ce n'est que du plaisir... A la télé, je passe dans des émissions un peu inattendues, comme « Faut pas rêver », un reportage ici ou là, mais toujours un peu en marge des émissions de variétés. Cette situation me convient parce qu'elle entretient un rapport assez sain avec le public, qui me permet de rester toujours moi-même quelles que soient les circonstances. Je ne veux pas passer à la télé à tout prix. Entrer au chausse-pied dans une émission ne convient pas à certaines de mes chansons, et je préfère éviter le malentendu.

Par rapport à l'Olympia l'an dernier, que verra-t-on ce soir ?
Il y a de nouvelles chansons, de nouveaux instruments, ainsi que des chansons plus anciennes que je ne jouais plus, parce qu'on enregistre une partie d'un coffret live qui contiendra trois disques, dont l'un à la Cigale. Le premier disque est un concert piano voix donné en 1998 à l'Européen. Le deuxième, au Cabaret de Montréal il y a un mois et demi, a été un concert très festif, où je raconte plus de choses aux gens. J'avais envie de donner une image plus complète de la scène. J'ai toujours fait beaucoup de concerts pour emmener mes chansons, mais je vais apprécier les vacances... Surtout qu'on festoie pas mal, et qu'on est puni par là où l'on a péché.

Votre vie n'a pas été trop chamboulée par le succès et la route ?
Si, parce que c'est un métier très jaloux, qui prend quasiment tout. Il y a des répercussions sur la vie privée parce qu'on a une vie de marin. C'est l'inconvénient quand on veut aussi construire quelque chose à côté. On essaie de faire les deux, avec plus ou moins de succès... Mais les répercussions ne viennent pas de la notoriété. J'aime rencontrer des gens, ça m'a plutôt sorti de mon isolement. C'est un métier de service, on est là pour donner du plaisir aux gens, pour les accompagner. La chanson aide à vivre. Elle n'a pas d'autre prétention.

Jaeglé Yves
Le Parisien
 Juin 2001