Interview



La voix éraillée, les larsens de Fersen sont une aubaine pour la chanson française. Sur son quatrième album sobrement intitulé, Qu4tre, l’ancien punk devenu dandy, tord, tire et étire la langue française. Un lion s’amourache d’une abeille, une chauve-souris s’éprend d’un parapluie. Des histoires à veiller debout. Une poésie urbaine aux vertus enchanteresses.

Webcity : Vous vous sentez l’héritier d’une certaine chanson française de Brel à Gainsbourg ?
T.F : Pas du tout. Tout ce qui fait référence est mort. Mes références sont celles de la chanson paillarde. Mais sans la paillardise. Prenez les paroles du "plombier", elles ne sont jamais grivoises. Je sais que ça peut paraître léger de dire ça mais c’est très important. C’est une question de forme, de structure de mes compositions. Lorsque je suis arrivé en cours préparatoire, j’ai pris conscience qu’une chanson avait une forme. C’est-à-dire un début, un milieu, une fin, un peu comme une nouvelle. Avec en plus des rimes, des alexandrins. Quand on écoute mes chansons, on peut l’entendre. Tatatata, Tatatata...

Webcity : De la poésie en quelque sorte ? T.F : Je n’ai pas cette prétention. Je suis juste un auteur-compositeur-interprète et rien de plus. Surtout pas un poète. D’autres s’en réclament, mais pas moi. La chanson française est trop prétentieuse.

Webcity : D’ou vient cette nostalgie, le côté intemporel de vos chansons ?
T.F : Intemporel oui. Nostalgie non. Je ne me plains pas du passé qui est parti. Mes chansons parlent des vicissitudes de la vie des gens. Quant à moi, j’aime échapper au temps. Pas moi en tant que personne. Ce sont plutôt mes chansons. Elles parlent de transports en commun, de course de chevaux, de chandelles. Des choses sur lesquels le temps n’a pas d’emprise.

Webcity : D’un album sur l’autre, les animaux sont très présents. Quelle est leur fonction ?
T.F : Ce ne sont pas des animaux, ce sont des caractères. C’est très pratique de les utiliser dans la chanson. Le lion est fort, le moucheron est faible, l’âne têtu, la carpe muette. Mais je n’ai aucune admiration pour les fabulistes. Chez La Fontaine, il y a une morale, alors que mes chansons n’en comportent pas. Je ne suis pas un moraliste.

Webcity :On vous présente souvent comme "un garçon qui lit". Le format de la chanson n’est-il pas exigu pour un amoureux des mots ?
T.F : Ce ne sont pas les mots qui m’intéressent. Je ne les aime pas. Ce qui me plaît, c’est la faculté d’exprimer des sentiments, des émotions et pourquoi de faire rire les gens. Nommer les choses, voila mon plaisir.

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