Thomas Fersen en tournée au Québec



Le troubadour Thomas Fersen vient tout juste de débarquer de l'avion qui l'amenait de Paris. Il séjournera au Québec pendant le prochain mois et donnera en province quelque 15 spectacles dans des villes qu'il n'a encore jamais visitées. Sept-Iles, Baie-Comeau, quelques villes de la Gaspésie, New Richmond, Rimouski font partie de cette nouvelle tournée.

"Ce n'est pas moi qui vous ai adoptés, c'est vous qui m'avez adopté", précise d'emblée Thomas Fersen. "Chaque fois que je viens ici, raconte-t-il, ça se passe bien. Ça vaut le coup de venir ici, ça fait de l'air dans ma vie. C'est une très jolie histoire entre vous et moi", ajoute-t-il.

Les réguliers passages de Thomas Fersen ont selon lui une influence sur son hygiène de vie. "Ça me permet de mieux me connaître. C'est un peu comme un voyage dans le temps. Dans l'avion, je me disais que je mets 8000 kilomètres entre la sonnerie de mon téléphone, les multiples envois que je reçois dans le courrier. C'est magique. Il y a une chimie qui s'opère. Il y a ici une fraîcheur, quelque chose que je ne perçois pas chez moi".

Quelques mois à peine après une série de spectacles au Cabaret, en 1999, Fersen reprend les chansons de son quatrième album, plusieurs anciennes chansons qu'il choisit de réhabiller différemment. "On a essayé de trouver une cohérence. Un spectacle peut se comparer à un travail d'horlogerie. Le spectacle a beaucoup changé, dit-il. On est cinq sur scène alors qu'on était quatre. J'ai apporté les éclairages, le décor. J'ai beaucoup réfléchi avant de le faire transporter jusqu'ici. Mais il est important qu'on l'installe ici de la même façon qu'on le fait en France", explique-t-il.

De multiples instruments

Les arrangements, promet-il, seront plus touffus. Un harmonica, un clavecin, un orgue Hammond, un violoncelle et un accordéon s'ajouteront aux instruments de base. «Nous avons apporté un certain raffinement en redistribuant les instruments. Derrière tout ça, il y a beaucoup de travail».
Par ailleurs, le personnage de scène de Thomas Fersen se précise. "J'ai quelque chose de pittoresque, à cause de mon personnage un peu vieille France, de mon vocabulaire évoquant les mobiliers de château, les marquises, les bergères. Je fais un peu roturier. On repense sans doute à l'époque de la Révolution française. Ce n'est pas exprimé de cette façon, mais ça transparaît derrière les mots".

Peu à peu, avec les années, Fersen a peaufiné son personnage, sorti tout droit du régime des rois, des troubadours. "Tout ça, c'est très typiquement français. C'est sans doute laraison pour laquelle je touche le public d'ici. Les anglais et les Américains n'y comprendraient sans doute rien".

Fersen va chercher des traits particuliers qui affinent son personnage. "J'y ajoute des choses que j'ai vues ou que j'ai entendues. J'exagère un individualiste vaniteux, mais touchant à la fois. Je force le trait sur des caractéristiques qui m'appartiennent".

Cet aspect théâtral, Thomas Fersen a l'ambition de le définir et de le faire connaître davantage. Le petit troubadour habillé de noir s'inspire à la fois de Charlie Chaplin, de Bourvil, de Tati. Ses chansons bucoliques passent aussi par le geste.

"Ce sont les gens qui m'ont poussé à lui donner forme. En riant à certaines interventions, en réagissant à certains mots. C'est eux et moi qui l'avons bâti", conclut-il.

Defoy Michel
infiniT
 Avril 2000